DOCUMENTS SUR EMILE PELTIER

Acte de naissance:



De Louis Couturat: L'Abbé Peltier et L'IDO: (extrait)

AUX ESPÉRANTISTES CATHOLIQUES

 L'Abbé PELTIER et L'IDO

 « Plena reformo estas necesa »

La Langue Internationale a de tout temps intéressé les catholiques, et plusieurs projets remarquables furent même dus à des ecclésiastiques : citons seulement l'abbé SOTOS OCHANDO (1852); l'abbé EICHHORN, curé de Bamberg (1886) ; l'abbé STEMPFL, curé de Kempten (Bavière), auteur du Myrana (1889) et du Communia (1894); l'abbé MARCHAND, auteur du Dilpok (1898); enfin Mgr J. M. SCHLEYER, curé de Litzelstetten, près de Constance, le célèbre auteur du Volapük (1880). Mais il y en a peu qui aient rendu plus de services à cette grande idée que l'abbé ÉMILE PELTIER, fondateur de la revue Espero katolika, qui a consacré toutes ses forces et ses ressources, jusqu'à son dernier soupir, à la propagande de la langue internationale parmi ses coreligionnaires. Au moment où les Espérantistes catholiques rendent à sa mémoire un hommage solennel et bien mérité, il est intéressant de faire connaitre, à eux surtout, qu'elles furent les opinions et les convictions de cet apôtre en matière de langue auxiliaire. Ce sera encore la meilleure manière d'honorer sa mémoire et de continuer son œuvre, trop tôt interrompue par la mort. Nous rappelons que c'est à lui, et à ses collaborateurs d'alors, que S. S. PIE X accorda, le 27 juin 1906, la bénédiction apostolique, qui remplit de joie et d'enthousiasme les Espérantistes réunis en congrès à Genève, et qui fut accueillie avec reconnaissance par tous, sans distinction, comme une haute consécration de l'idée commune qui les unissait.

Dans cette même année, l'abbé Peltier adressait au Lingva Komitato (comité de la langue Espéranto) une lettre presque désespérée (le 2 juin 1906, insérée dans l'Espero katolika du même mois) pour se plaindre des difficultés insurmontables que les lettres accentuées causaient à sa revue, et demander la solution de ces difficultés et la permission d'employer une autre orthographe. Ce n'était pas la première fois que ces difficultés étaient signalées : déjà le journal espérantiste canadien La Lumo s'en était plainte au Dr Zamenhof, mais celui-ci ayant refusé, fut-ce à titre d'essai, l'emploi d'une autre orthographe exempte d'accents, La Lumo avait dû cesser de paraître (1904). Néanmoins, il ne semble pas que le Lingva Komitato se soit ému de l'appel de l'abbé Peltier, ni qu'il se soit pressé de lui répondre, non plus que de mettre à l'étude une proposition analogue que le Dr JAVAL faisait la même année au Congrès de Genève, avec son autorité scientifique toute spéciale, malgré les mérites tout particuliers qu'il s'était acquis à la reconnaissance des Espérantistes, et que le Dr Zamenhof a hautement proclamés après sa mort. Quoi qu'il en soit, la Délégation pour l'adoption d'une langue internationale ayant élu en 1907 le Comité qui devait décider au sujet de la langue à adopter, nous nous fîmes un devoir, comme secrétaire de ce Comité, de recueillir toutes les opinions qui pouvaient éclairer son jugement, et c'est ainsi que, entre beaucoup d'autres, nous sollicitâmes celle de l'abbé Peltier. Il nous répondit par la lettre suivante (1) :

    28-8-07. « Estimata Samideano kaj kunbatalanto, Je vous remercie beaucoup de la confiance que vous voulez bien me témoigner et de la certainement trop grande importance que vous accordez à mes opinions sur la question des réformes en Espéranto. Je réponds avec plaisir à votre lettre; mais il reste bien entendu que tout ce que je vous écris est confidentiel, et pourra être communiqué seulement au Comité de la Délégation, si vous jugez que cela en vaille la peine. (Sans quoi je serais boycotté immédiatement, et ma revue en mourrait.)  Je répondrai à part dans quelques jours à la question des lettres accentuées, car j'ai beaucoup à dire sur cette question. Les accents m'ont coûté cher!... De plus, je viens de fonder chez moi une imprimerie pour imprimer ma revue, et je constate mieux que jamais quels ennuis causent aux imprimeurs les trop fameux accents. Je vous envoie de suite quelques numéros de Espero katolika où j'ai traité la question. Je reconnais aujourd'hui que mon système, comme celui du Dr Javal, n'est qu'une demi-mesure très insuffisante, et je suis convaincu qu'on ne peut réformer l'alphabet sans réformer les racines...  Je suis partisan de la suppression de l'accusatif (libre, toutefois, en poésie et en littérature); de l'adjectif invariable excepté quand pris substantivement (bonaj, les bons); du remplacement des particules à priori par des mots plus internationaux (omnu, pour chiu) ; du pluriel en -i, et de l'infinitif en -ir; de la réforme du vocabulaire, devenu un vrai chaos depuis la publication et l'approbation par le " Majstro " des Dictionnaires allemands. Quant à votre Étude sur la dérivation, je l'estime un vrai chef-d'œuvre de science et de logique. Je l'ai étudiée, à fond, et je n'ose plus écrire en Espéranto, depuis que je l'ai lue!... Permettez-moi donc de vous adresser mes plus sincères félicitations. Le Dr..., peu enclin aux réformes, m'a écrit qu'il n'avait pu s'empêcher de vous féliciter de votre travail. Il ajoute (cela vous intéressera sans doute) que ces réformes doivent être faites au plus tôt, si on doit les faire, car plus on attendra, plus la chose sera difficile...  Quel sera le résultat de l'action de la Délégation?



Accéder au texte intégral:

http://www.youscribe.com/catalogue/presentations/savoirs/autres/l-abbe-peltier-et-ido-434778

Remerciements à Monsieur Loïc Landais, président d'Ido-France pour la transmission de ce document.

http://villandry.free.fr